Lycee Romain Rolland

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jeudi 14 janvier 2010

Paroles de Paola, ami d'enfance d'Hakim

J’ai souhaité témoigner car Hakim était un ami. Il mérite que l’on lui rende tous ces hommages.

Hakim, j’ai grandi avec lui, de la maternelle  Benoît Malon du Kremlin- Bicêtre jusqu’au collège. On s’est séparé au lycée mais je suis restée en contact avec lui.

J’habite dans la même cité, celle des Martinets au Kremlin-Bicêtre. 
Quand je suis à la fenêtre de ma chambre,  je suis en face de chez lui .
On échangeait des propos  par la fenêtre, au sujet de tout et de rien.

C’était vraiment un garçon bien. Il allait aider son père au travail. Il partageait son temps entre le lycée et le travail... pas comme les jeunes qui traînent dans la cité.

J’ai appris la nouvelle par ma mère qui m’informa qu’un élève de 18 ans avait été poignardé au lycée. Comme c’était quelqu’un de ma génération, je me suis dit que forcément je le connaissais.

Vers 13 heures mon frère m’envoie un  SMS pour me dire que c’était Hakim.
Je n’ai pas pleuré sur le coup ; je ne pleure pas facilement . Et puis, tant qu’il n’était pas mort, il ne fallait pas que je verse une larme.

A la minute même où il est mort, à 22 heures, on m’a appelée de l’hôpital . Ses amis de la cité y étaient partis ; il ne restait que les filles. J’étais à la maison avec mon frère et ma sœur.  J’ai pleuré...

Hakim, c’était une personne qui avait beaucoup d’humour, qui aimait faire rire les gens, sortir des petites  blagues en classe, juste pour  énerver les profs. C’était  quelqu’un de très calme, de très souriant.

J’ai beaucoup de mal à admettre sa mort.  

Je participerai à la marche au Kremlin. C’est Vendredi, à 14h30 ; on partira de la rue Kennedy, aux environs du collège Albert Cron, et on ira jusqu’au lycée Darius Milhaud.

Ce que j’attends de cette marche, c’est un témoignage de respect pour Hakim et sa famille.

C’est une mort injuste ; Il ne méritait vraiment pas ça. Tout est allé trop vite ; il n’y avait rien à faire.   Il y a un tas de garçons qui se baladent avec des couteaux  ou des cutters ; ils pensent que c’est un moyen de se faire respecter, d’en avoir un et de le sortir.

Entre filles on en parle et on  dit que c’est bête et stupide. Hakim, c’était l’ami de tout le monde dans la cité ;  tout le monde le connaissait ; je pense que ça doit leur « faire travailler la tête » .  

Comment faire pour que cela ne se reproduise pas ?

 Je n’ai de solution. Je sens qu’il y aura toujours des trucs comme ça. Quand je regarde la télé j’apprends qu’untel ou untel a été poignardé...

Pour moi c’est une fatalité. C’est sûr qu’il n’y a  pas assez de sécurité. Mais on ne peut pas surveiller tout le monde. Même s’il y a des gens qui passent dans les lycées pour nous sensibiliser  au problème de la violence, ça va faire effet seulement pendant un moment. Et puis ça reprendra .

J’ai bien retenu les dates : le 4, une personne s’est fait poignarder ; le 6, une autre personne ; le 8, c’était Hakim ;  mardi, un jeune homme de 23 ans ; et puis hier, une secrétaire à l’université. Quand je vois tout ça, je reste pessimiste. Je me dis qu’on ne peut rien faire contre ça.

 A part appeler le plus grand nombre à la marche.

Il ya pour moi un gros problème.  La surveillance peut être un  « plus » mais elle ne sera jamais assez efficace. On ne peut pas se mettre à fouiller tous les lycéens.

 Mais nous, les filles, et d’autres jeunes, ou des parents, on peut  raisonner les jeunes qui sont dans un monde de violence. En discutant,  on peut leur dire  « Maintenant Hakim s’est fait tuer ;  demain, ça peut être toi. »

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